Camp de passage un film documentaire de Yohana Benattar (en post-production), produit par Paper Moon en collaboration avec étrangères, avec le soutien à l’écriture, au développement et à la production de la Région Sud Cinéma, du Centre National du Cinéma, d’Arte France/La Lucarne et de la Fondation Renée et Léon Baumann
Il y a quelques années, j’ai réalisé que la chanson chantée avec mon grand-père Paul portait en elle une histoire qu’il ne nous a jamais racontée. J’ai compris qu’il a été interné entre 1941 et 1943 au camp de Bedeau en Algérie, comme des milliers de jeunes hommes juifs destitués de leur citoyenneté. Depuis, Bedeau a commencé à habiter ma vie, à peupler mes conversations et celles de mes proches. Au cours d’une enquête historique et intime, je fais le chemin de Nice à Bedeau, un lieu qui m’est étrangement familier.

Mille et un bijoux (en français, prévu février 2025) - 98 min
Désapprendre l’Impérialisme Trilogy par Ariella Aïsha Azoulay. Le premier volet: Sans Papiers, 2019m Le deuxième volet: Le monde comme un bijou au creux de la main, 2023
film produit par Ariella Aïsha Azoulay & Eyal Vexler (Berlin) en collaboration avec étrangères
Scénario et réalisation : Ariella Aïsha Azoulay / Monteuse : Juna Suleiman / Cheffes Opératrices Yohana Benattar & Juna Suleiman / Chanteuses Kol Nidrei : Sarah Benichou, Laura Elkeslassy, Reine Ruby / Additional chants : Nadia Ammour / Narratrice : Reine Ruby / Montage sonore : Ziad Fayed / Prise de son (Kol Nidrei): Studio Lemon / Pierre Armand
Le troisième chapitre s’intéresse aux bijoux et fait d’eux ses protagonistes principaux à travers les histoires que leurs gardien.nes ont à nous raconter sur la colonisation de l’Afrique du Nord et sur la résistance à cette colonisation, à une échelle jusqu’alors inexplorée. Depuis ses origines, la colonisation de l'Algérie a détruit son infrastructure artisanale, y compris les corporations de bijoutiers, et a entamé un grand projet de pillage des bijoux et du savoir-faire ; la colonisation s’est
emparée de ces richesses à travers l’expertise et l’accumulation des matières premières, des objets eux mêmes, ainsi que des dessins, peintures et autres photographies qui les représentent. Et pourtant, malgré cette attaque coloniale, ce monde indigène vivant et riche d'échanges, de prophéties, de bénédictions, de malédictions, de prières, de vœux, de protections, n’a pas complètement disparu. Sa résilience est au cœur de ce film. En dépit de la colonisation, ces bijoux et les mille et un contes au sein desquels ils existent, ont bien été transmis. Ils témoignent de l’existence d’un monde juif musulman détruit par la colonisation, d’un monde dans lequel les bijoux, leur fabrication et leurs usages traditionnels ont été partagés ; ils nous offrent aussi la possibilité de continuer à habiter ce monde. Rassemblés dans ce film, cette multitude de contes disparates déplace à la marge le rôle des musées et des experts occidentaux qui durant presque deux siècles ont participé aux efforts coloniaux visant à enterrer notre culture et à nous faire croire qu'ils l’avaient sauvé sous forme d'objets préservés et exposés dans les musées. C’est justement à cause de ce détachement colonial des bijoux de leurs peuples que le dictionnaire peut aujourd’hui nous dire que les bijoux sont des ‘objets de parure précieux par la matière ou le travail,’ ou que les musées peuvent nous les présenter comme des traces préservées d’un monde englouti, et ainsi cacher leur propre rôle dans la destruction de ce monde.
emparée de ces richesses à travers l’expertise et l’accumulation des matières premières, des objets eux mêmes, ainsi que des dessins, peintures et autres photographies qui les représentent. Et pourtant, malgré cette attaque coloniale, ce monde indigène vivant et riche d'échanges, de prophéties, de bénédictions, de malédictions, de prières, de vœux, de protections, n’a pas complètement disparu. Sa résilience est au cœur de ce film. En dépit de la colonisation, ces bijoux et les mille et un contes au sein desquels ils existent, ont bien été transmis. Ils témoignent de l’existence d’un monde juif musulman détruit par la colonisation, d’un monde dans lequel les bijoux, leur fabrication et leurs usages traditionnels ont été partagés ; ils nous offrent aussi la possibilité de continuer à habiter ce monde. Rassemblés dans ce film, cette multitude de contes disparates déplace à la marge le rôle des musées et des experts occidentaux qui durant presque deux siècles ont participé aux efforts coloniaux visant à enterrer notre culture et à nous faire croire qu'ils l’avaient sauvé sous forme d'objets préservés et exposés dans les musées. C’est justement à cause de ce détachement colonial des bijoux de leurs peuples que le dictionnaire peut aujourd’hui nous dire que les bijoux sont des ‘objets de parure précieux par la matière ou le travail,’ ou que les musées peuvent nous les présenter comme des traces préservées d’un monde englouti, et ainsi cacher leur propre rôle dans la destruction de ce monde.
